20/7/10

Lettre de George Sand à Alfred de Musset



George Sand (Aurore Dupin) (Paris, 1804 - Nohan, 1876)
Lettre de George Sand à Alfred de Muset


Cher ami,

Je suis toute émue de vous dire que j'ai
bien compris l'autre jour que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir ainsi
vous dévoiler, sans artifice, mon âme
toute nue, daignez me faire visite,
nous causerons et en amis franchement
je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l'affection
la plus profonde, comme la plus étroite
amitié, en un mot : la meilleure épouse
dont vous puissiez rêver. Puisque votre
âme est libre, pensez que l'abandon ou je
vis est bien long, bien dur et souvent bien
insupportable. Mon chagrin est trop
gros. Accourrez bien vite et venez me le
faire oublier. A vous je veux me sou-
mettre entièrement.

Votre poupée

18/7/10

Le lézard - Jacques Prévert



Jacques Prévert (France, 1900 - 1977)
Texte en français, español e italiano

Français
Le lézard de l'amour

Le lézard de l'amour
S'est enfui encore une fois
Et m'a laissé sa queue entre les doigts
C'est bien fait
J'avais voulu le garder pour moi.


Español
El lagarto del amor

El lagarto del amor
Se ha escapado una vez más
Y me ha dejado su cola entre los dedos
Bien hecho está
Hubiera querido guardarla para mí.


Italiano
La lucertola dell'amore

La lucertola dell'amore
Ancora una volta è fugita
E m'ha lasciato la coda fra le dita
Ben mi sta
Avevo voluto serbarla per me.

14/7/10

Que se quede el infinito sin estrellas... - Severo Sarduy


Severo Sarduy (Cuba, 1937 - Francia, 1993)
Que se quede el infinito sin estrellas... (1974)


Que se quede el infinito sin estrellas,
que la curva del tiempo se enderece.
Y pierda su fulgor, cuando se mece
un planeta en su abismo y en las huellas

del estallido primordial. Aquellas
noticias recibidas del comienzo
de las galaxias, del vacío inmenso,
hoy son luz fósil. Paradojas bellas

que anuncian por venir lo transcurrido
y postulan pasado lo futuro.
Universo del pensamiento puro:

un espacio que fluye como un río
y un tiempo sin presente, opaco y frío.
El tiempo de la espera y del olvido.


Imagen: Carl Anton J. Rottmann - Estudio del claro de luna

2/7/10

L'infinito - Leopardi




Giacomo Leopardi (Recanati, 1798 - Napoli, 1837)
Texto en Italiano, Français y Español

Italiano
L’ Infinito

Sempre caro mi fu quest’ermo colle
E questa siepe, che da tanta parte
Dell’ultimo orizzonte il guardo esclude.
Ma sedendo e mirando, interminati
Spazi di là da quella, e sovrumani
Silenzi, e profondissima quiete
Io nel pensier mi fingo; ove per poco
Il cor non si spaura. E come il vento
Odo stormir tra queste piante, io quello
Infinito silenzio a questa voce
Vo comparando: e mi sovvien l’eterno,
E le morte stagioni, e la presente
E viva, e il suon di lei. Cosí tra questa
Inmensità s’annega il pensier mio:
E il naufragar m’è dolce in questo mare.




Français
L'infini

Toujours elle me fut chère cette colline solitaire
et cette haie qui dérobe au regard
tant de pans de l'extrême horizon.
Mais demeurant assis et contemplant,
au-delà d'elle, dans ma pensée j'invente
des espaces illimités, des silences surhumains
et une quiétude profonde ; où peu s'en faut
que le cœur ne s'épouvante.
Et comme j'entends le vent
bruire dans ces feuillages, je vais comparant
ce silence infini à cette voix :
en moi reviennent l'éternel,
et les saisons mortes et la présente
qui vit, et sa sonorité. Ainsi,
dans cette immensité, se noie ma pensée :
et le naufrage m'est doux dans cette mer.


Español
El infinito

Amé siempre esta colina, 
y el cerco que me impide ver 
más allá del horizonte. 
Mirando a lo lejos los espacios ilimitados, 
los sobrehumanos silencios y su profunda quietud, 
me encuentro con mis pensamientos, 
donde por poco, mi corazón no se asusta. 
Escucho los silbidos del viento sobre los campos, 
y en medio del infinito silencio tanteo mi voz: 
me subyuga lo eterno, las estaciones muertas, 
la realidad presente y todos sus sonidos. 
Así, a través de esta inmensidad se ahoga mi pensamiento: 
y naufrago dulcemente en este mar. 

Traducción de Carlos López S.