29/4/09

Ampliación del campo de batalla



Ampliación del campo de batalla (1994) 
Michel Houellebecq (Isla de Reunión, Francia, 1958) 

Textes en español et français 

Español

A ti también te interesó el mundo. Fue hace mucho tiempo; te pido que lo recuerdes. El campo de la norma ya no te bastaba; no podías seguir viviendo en el campo de la norma; por eso tuviste que entrar en el campo de batalla. Te pido que te remontes a ese preciso momento. Fue hace mucho tiempo ¿no? Acuérdate: el agua estaba fría. Ahora estás lejos de la orilla: ¡ah, sí, que lejos estás de la orilla! Durante mucho tiempo has creido en la existencia de otra orilla; ya no. Sin embargo, sigues nadando, y con cada movimiento estás más cerca de ahogarte. Te asfixias, te arden los pulmones. El agua te parece cada vez más fría, y sobre todo cada vez más amarga. Ya no eres tan joven. Ahora vas a morir. No pasa nada. Estoy ahí. No voy a abandonarte. Sigue leyendo. Vuelve a acordarte, una vez más de tu entrada en el campo de batalla. 


Français 

Vous aussi, vous vous êtes intéressé au monde. C’était il y a longtemps ; je vous demande de vous en souvenir. Le domaine de la règle ne vous suffisait plus ; vous ne pouviez vivre plus longtemps dans le domaine de la règle ; aussi, vous avez dû entrer dans le domaine de la lutte. Je vous demande de vous reporter à ce moment précis. C’était il y a longtemps, n’est-ce pas ? Souvenez vous : l’eau était froide. Maintenant, vous êtes loin du bord : oh oui ! comme vous êtes loin du bord ! Vous avez longtemps cru à l’existence d’une autre rive ; tel n’est plus le cas. Vous continuez à nager pourtant, et chaque mouvement que vous faites vous rapproche de la noyade. Vous suffoquez, vos poumons vous brûlent. L’eau vous paraît de plus en plus froide, et surtout de plus en plus amère. Vous n’êtes plus tout jeune. Vous allez mourir, maintenant. Ce n’est rien. Je suis là. Je ne vous laisserai pas tomber. Continuez votre lecture. Souvenez-vous, encore une fois, de votre entrée dans le domaine de la lutte.


Este fragmento genial es el párrafo con el que se abre la primera novela importante de Michel Houellebecq. Todavia algo desconocida, esta novela podría considerarse una de las herederas naturales de El extranjero de Albert Camus. Con las diferencias obvias de varias generaciones de diferencia, Houellebecq aplicó el mismo patrón que un día hizo al argelino premio Nobel: sencillez narrativa para profundizar en la introspección del ser humano y de sus miserias. En Ampliación del campo de batalla, de la mano de un joven informático y narrado en primera persona, Houellebecq nos muestra lo que nadie quiere ver, las sombras de la sociedad moderna, la que con sus incoherencias, rutinas y normas ahoga a sus individuos.

19/4/09

I tornaré a Girona


Miquel Martí i Pol
(Catalunya, 1929 - 2003)

Texte en català, español et français

Català

I tornaré a Girona

I tornaré a Girona
quan bufi tramuntana
per perdre'm en silenci
pels vells carrers que enyoro.

I tornaré a Girona
sense esperar que em cridin
amb tremolor a les cames
i els ulls oberts com llunes.

Serà un dia de somni
quan tornaré a Girona.


Español

Y volveré a Gerona

Y volveré a Gerona
cuando sople tramuntana
para perderme en silencio
entre las viejas calles que añoro.

Y volveré a Gerona
sin esperar a que me llamen
con temblor en las piernas
y los ojos abiertos como lunas.

Será un día soñado
cuando volveré a Gerona.



Français

Et je retournarai à Gérone

Et je retournarai à Gérone
quand soufflera la tramontane
pour me perdre en silence
dans les rues que me manquent.

Et je retournarai à Gérone
sans attendre qu'on m'appelle
avec les jambes tremblantes
et les yeux ouverts comme des lunes.

Ce sera un jour de rêve
quand je retournerai à Gérone.

18/4/09

Lluvia de una noche de verano

Lluvia estival 
Tomás Segovia (Valencia, 1927)


En la apartada noche ya sin nadie, 
tibia, agitada, leve cae la lluvia, 
sola para sí sola. 


Íntima bailarina por la noche, 
misteriosa, alocada, 
gime allá, vuela, ahoga aquí una risa, 
caprichosa musita, se interrumpe, 
juguetona, inquietante,
viene y va, calla, desde lejos torna 
con sonreídas lágrimas, 
va a decir algo que en suspiro muere. 


Y huyendo con susurros
y voces de sirena, 
deja en el aire un mórbido perfume
de amor difunto en punzante recuerdo,
y en el alma el errático, incurable, 
secreto amor de todas las derivas...


Más textos de Tomás Segovia aquí




Este poema es de aquellos que no destacan por su lirismo, ni por tener las palabras más bonitas o las rimas más perfectas, pero consigue recrear como ningún otro la atmósfera de la lluvia en una noche de verano. Es un poema suave, sin imponerte grandes emociones. En su lectura, es fácil fluir hacia tus propios recuerdos. En ellos, seguro que puedes encontrar algún ejemplo en el que la lluvia ha cambiado el curso de una noche. No suele dejarte indiferente la lluvia de verano, y más en la noche. En momentos de desesperación, puede darte la puntilla o puedes encontrar en ella la energía necesaria para cambiar el rumbo. Por el contrario en noches de armonía, es capaz de sembrar la melancolía o ser el único estímulo eficaz para transportarte al éxtasis. Incluso es capaz de helar una velada sensual o de tornarla en la más voluptuosa de todas, una lluvia de verano...

14/4/09

Mélusine ou la Noble Histoire de Lusignan

Le récit de Jean d'Arras reprend le personnage d'une fée légendaire, qui serait à l'origine de la famille des Lusignan : Mélusine. Terminé en 1393, le roman de Jean d'Arras, fait entendre pour la première fois dans la littérature les " cris de la fée " Mélusine, que son époux, manquant à sa parole, a surprise sous sa forme de serpente. C'est un roman qui mêle récits de croisades, chroniques historiques, livre d'éducation des princes, épisodes épiques et contes de fées.Il prête au conte universel des amours impossibles entre un mortel et un être surnaturel les traits propres à la culture princière du Moyen Age flamboyant, son amour du livre, son souci dynastique. Un roman qui, comme tant d'autres récits médiévaux, recourt simultanément aux histoires les plus fabuleuses et aux faits les plus concrets pour affronter la grande question des relations entre les sexes et entre les mondes. Commentaire : Ce texte du XIVe siècle couvre plusieurs générations, sans pour autant délaisser le personnage central, Mélusine. En ce qui concerne les fées, on peut distinguer deux types de schémas au moyen âge : le schéma morgannien, et le schéma mélusinien (Cf. E. Baumgartner). Le premier présente une fée qui attire dans l'autre monde les mortels (la plus célèbre étant Morganne), le deuxième présente une fée qui elle se rend dans le monde des mortels. Certes, les descriptions des enfants sont parfois assez longues, cependant la fée Mélusine est un personnage qui a beaucoup conté dans la culture du Moyen Âge, notamment dans la zone géographique du Poitou-Charente. Par ailleurs, cela change un peu des récits de la table ronde et du Roi Arthur, souvent mis en avant lorsque l'on évoque la littérature du Moyen Âge. Un livre à découvrir. Pour ceux qui souhaiteraient une oeuvre moins dense, il y a Yvain ou le chevalier au Lion, agréable à lire.

8/4/09

Union et séparation - Illusions perdues

Illusions perdues (1837, 1839, 1843)
Honoré de Balzac (Tours 1799 - Paris 1850)
Texto en français y español 


Français 
Lorsque l'union des âmes a été parfaite comme elle le fut au début de la vie entre Ève et Lucien, toute atteinte à ce beau idéal du sentiment est mortelle. Là où des scélérats se raccommodent après des coups de poignard, les amoureux se brouillent irrévocablement pour un regard, pour un mot. Dans ce souvenir de la quasi-perfection de la vie du coeur se trouve le secret de séparations souvent inexplicables. On peut vivre avec une défiance au coeur, alors que le passé n'offre pas le tableau d'une affection pure et sans nuages; mais, pour deux êtres autrefois parfaitement unis, la vie, quand le regard, la parole exigent des précautions, devient insupportable.


Español 
Cuando la unión entre dos almas ha sido perfecta, como lo había sido al principio entre Ève y Lucien, cualquier golpe que se le aseste a ese sentimiento hermoso e idealizado resulta mortal. Mientras que dos delincuentes acaban haciendo las paces aunque se hayan dado puñaladas, los que se quieren de verdad terminan enfadados para siempre por culpa de una simple mirada o de una palabra. La clave de muchas separaciones a menudo inexplicables se encuentra precisamente en que aún permanece vivo el recuerdo de unos sentimientos casi perfectos. Se puede vivir con cierto recelo en el corazón siempre que el pasado no nos devuelva la imagen de un afecto puro y sosegado; pero a dos seres que en otro tiempo estuvieron unidos la vida se les hace insoportables si tienen que medir las palabras o las miradas.