15/1/11

Los miserables II - Victor Hugo


Victor Hugo 
(Besançon, 1802 - Paris, 1885)


Les misérables (1862)
Texte en Français y Español


Français


L’été passa, puis l’automne ; l’hiver vint. Ni M. Leblanc ni la jeune fille n’avaient remis les pieds au Luxembourg. Marius n’avait plus qu’une pensée, revoir ce doux et adorable visage. Il cherchait toujours, il cherchait partout ; il ne trouvait rien. Ce n’était plus Marius le rêveur enthousiaste, l’homme résolu, ardent et ferme, le hardi de la destinée, le cerveau qui échafaudait avenir sur avenir, le jeune esprit encombré de plans, de projets, de fiertés, d’idées et de volontés ; c’était un chien perdu. Il tomba dans une tristesse noire. C’était fini ; le travail le rebutait, la promenade le fatiguait, la solitude l’ennuyait ; la vaste nature, si remplie autrefois de formes, de clartés, de voix, de conseils, de perspectives, d’horizons, d’enseignements, était maintenant vide devant lui. Il lui semblait que tout avait disparu.

Il pensait toujours, car il ne pouvait faire autrement ; mais il ne se plaisait plus dans ses pensées. A tout ce qu’elles lui proposaient tout bas sans cesse, il répondait dans l’ombre : A quoi bon ?

Il se faisait cent reproches. Pourquoi l’ai-je suivie ? J’étais si heureux rien que de la voir ! Elle me regardait ; est-ce que ce n’était pas immense ? Elle avait l’air de m’aimer. Est-ce que ce n’était pas tout ? J’ai voulu avoir quoi ? Il n’y a rien après cela. J’ai été absurde. C’est ma faute, etc., etc.


Español

Transcurrió el verano, después el otoño, y vino el invierno. Ni el señor Leblanc ni su hija habían vuelto a poner los pies en el Luxemburgo. Marius no tenía más que un pensamiento: volver a ver a aquel dulce y adorable rostro. Lo buscaba sin cesar, y por todas partes; pero no hallaba nada. Ya no era Marius el soñador entusiasta, el hombre resuelto, ardiente y firme, el arriesgado provocador del destino, el cerebro que engendraba porvenir sobre porvenir, el espíritu joven colmado de planes, de proyectos, de altivez, de ideas y de voluntad; era un perro perdido. Cayó en una negra tristeza. Era el fin. El trabajo le repugnaba, el paseo le fatigaba, la soledad le aburría; la vasta naturaleza, tan llena en otros tiempos de formas, de claridades, de voces, de consejos, de perspectivas, de horizontes y de enseñanzas, estaba ahora vacía ante él. Le parecía que todo había desaparecido.

Continuaba pensando, porque no podía hacer otra cosa; pero ya no encontraba placer en sus pensamientos. A todo lo que éstos le proponían en voz baja, sin cesar, respondía en la sombra: "¿Para qué me sirve?"

Se hacía cien reproches: "¿Por qué la he seguido? ¡Era tan feliz sólo con verla! Me miraba; ¿es que eso no es inmenso? Parecía que me amaba. ¿No era esto lo que podía yo desear? He querido algo más, ¿qué? Nada hay después de todo esto. He cometido un absurdo; mía es la culpa, etcétera."

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